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dimanche 26 mai 2013

Le grand sommeil de Raymond Chandler


J'ai un aveu à vous faire (que Eeguab et Wens et tous les autres admirateurs de Howard Hawks et de son film-culte me pardonnent ), chaque fois que je regarde Le grand sommeil … je m'endors! Certes, je connais par coeur les premières scènes  que j'ai d'ailleurs retrouvées, très fidèles au roman de Chandler :  celle, absolument étourdissante de la rencontre de Marlowe-Boggie avec Miss Carmen Sternwood, jeune nymphomane qui lui saute dessus et la célèbre réplique cynique: Vous devriez la sevrer. Elle doit avoir l'âge.


Le non moins célèbre passage où Boggie siffle le cognac du vieux général Sternwood dans une serre tropicale :

 et le moment encore où Boggie affronte Bacall (Vivian Sternwood), dans un duel verbal au fleuret! 


Enfin dans une librairie plus que douteuse, l'affrontement inénarrable entre la libraire de livres pornographiques et notre Marlowe…


 et quand j'arrive là, plus rien; je dors!  Sommeil... mais pas le Grand Sommeil, bien heureusement, celui dont parle Philippe Marlowe, personnage désabusé, revenu de tout :

Qu'est-ce que ça peut faire où on vous met quand vous êtes mort ? Dans un puisard dégueulasse ou dans un mausolée de marbre au sommet d'une grande colline ? Vous êtes mort, vous dormez du grand sommeil... vous vous en foutez de ces choses-là... le pétrole et l'eau, c'est de l'air et du vent pour vous. .. Vous dormez, vous dormez du grand sommeil, tant pis si vous avez eu une mort tellement moche... peu importe où vous êtes tombé... Moi, je faisais partie des choses moches, maintenant.

Mais grâce au roman de Chandler, paru en 1939, traduit par Boris Vian, j'ai pu enfin avoir une idée complète de l'histoire,  moins complexe peut-être que celle du film. Le style qui a un charme fou fait revivre une époque bien particulière, celle des années trente, après la fin de la prohibition en Californie. L'ironie mordante et décalée de Chandler, sa critique sans concession des riches milliardaires et des hommes de pouvoir corrompus confèrent à ce roman policier une force qui a exercé une grande influence sur ce genre littéraire! C'est la première fois qu'apparaît le détective Philippe Marlowe, héros récurrent des romans de Chandler, qui va devenir un type. Beau gosse, grand et athlétique, intelligent, habile négociateur, intuitif et patient, alcoolo à ses heures, macho mais il faut dire que les femmes qu'il rencontre ne sont pas des modèles féminins très engageants malgré leur beauté, homophobe à une époque ou l'homosexualité est un délit puni de prison aux Etats-Unis, Philippe Marlowe est un "dur" qui évite pourtant la violence quand il le peut. Il porte un regard amer et dépourvu d'illusions sur ses contemporains. Il est avant tout honnête, refuse la corruption, ne triche pas sur son salaire (modeste), est fidèle à la mission qu'il doit accomplir, ne dévoile pas les secrets de ses employeurs.. des qualités qui le font paraître étranger à ce monde de corruption que dénonce Chandler. L'écrivain nous décrit une société où ceux qui ont l'argent possèdent le pouvoir car ils peuvent tout acheter, la police comme les hommes politiques. La corruption règne partout. Les maîtres du pays sont des hommes comme Eddie March, directeur du casino, qui a du sang sur les mains, un homme dangereux qui manipule tout ceux qui l'entourent.

-C'est illégal de boire de l'alcool ici, dit l'employé
-Je suis terrorisé à l'idée de faire ça dis-je et je dévissai la capsule de la bouteille de whisky pour en couper le café. Je continuai :
-La loi est terriblement respectée dans cette ville. Pendant toute la prohibition, la boîte d'Eddie March était un night club et tous les soirs il y avait deux hommes en uniforme dans le hall pour s'assurer que les clients n'amenaient pas leur alcool au lieu d'acheter celui de la maison.

Les petits malfrats sont les seuls qui risquent gros car dans ce pays civilisé où les criminels ont les mains libres grâce à leurs appuis, les autres risquent la peine de mort : dis-toi qu'il  faut absolument que tu respires et que tu as la figure toute noire, que tes yeux vont te tomber des joues… et que tu vas respirer maintenant mais que tu es ficelé sur le fauteuil de la petite chambre à gaz de Saint-Quentin; et quand tu respireras cet air que tu luttais de toutes tes forces pour ne pas avaler, ce ne sera pas de l'air qui viendra mais du cyanogène… Et c'est ça qu'on appelle une exécution humanitaire dans notre pays maintenant.

On le voit, le pessimisme de Raymond Chandler sur la nature humaine semble total mais parce qu'il y a dans son personnage de Marlowe, malgré ses défauts et ses compromissions, quelque chose qui résiste au mal, parce que l'humour permet de faire face à la noirceur et au désespoir, le lecteur est prêt à suivre Philippe Marlowe dans ses nombreuses aventures.


 
 Résultat de l'énigme n°67

Les vainqueurs du jour sont : Asphodèle, Aifelle, Dasola, Eeguab, Keisha, Pierrot Bâton.. Merci à tous!

Le roman :Le grand sommeil de Raymond Chandler
Le film : Le grand sommeil de Howard Hawks avec Humphrey Boggart et Lauren Bacall


mardi 7 mai 2013

Marcus Malte : Les Harmoniques




Marcus Malte est en ce moment l'écrivain chéri des blog littéraires et je vois fleurir des billets sur ses livres ( Que ceux, enfin je veux dire, CELLES, qui se reconnaissent, lèvent le doigt!). Donc, j'ai voulu absolument le connaître!

Dès le premier chapitre de son roman Les harmoniques, j'ai été happée par le style de Marcus Malte, la vivacité, le naturel, l'originalité et l'intelligence du dialogue. Il faut dire que la conversation un peu surréaliste entre Mister et son copain Bob  lors d'une évasion en taxi pour aller voir la mer est un véritable feu d'artifice. Mister, le noir d'origine malienne est un  jeune pianiste. Bob, le blanc, vieux chauffeur de taxi en déroute (je veux dire en train de rendre l'âme.. le taxi pas Bob!) est professeur de philo démissionnaire. Tous deux sont réunis par un même amour du jazz.*  
Par la suite, j'ai trouvé que l'action se mettait un peu trop lentement en place. Il faut dire qu'après un début sur les chapeaux de roue, le rythme retombe un peu, le récit piétine.  Mais si Marcus Malte a l'art du dialogue, il utilise bien d'autres registres et le lecteur se laisse à nouveau emporter :  un style poétique, qui nous retourne, provoque l'émotion comme dans ce passage où il parle des enfants sacrifiés de l'ex-Yougoslavie enfouis dans des caves pour échapper aux bombes, ou celui  si beau, si émouvant de la grand mère de Véra ou encore des moments pleins d'humour qui ont un rythme fou, s'emballent, dérapent, comme ce moment absolument délirant où Mister emprunte, pour ligoter son ennemi, des menottes  à son copain barman, homosexuel qui croit que Mister lui fait des avances! Je ne vous en dis pas plus, c'est hilarant. Ainsi de l'humour à la tragédie en passant par la poésie, Marcus Malte est à l'aise dans tous les genres. Quant à l'histoire policière, Véra, jeune fille d'origine bosniaque, après avoir subi dans son enfance le siège de Vukovar et les bombardements par les forces serbes a pu émigrer en France à la fin de la guerre. Mister l'a remarquée car chaque soir elle vient l'écouter dans son club et semble fascinée par la musique. Mais elle est assassinée et brûlée vive. La police a arrêté les deux coupables mais Mister est persuadé qu'il ne s'agit que de sous-fifres. Bob et lui vont essayer de remonter à la source, au commanditaire de l'assassinat.

 Ce qui m'a particulièrement intéressée dans le récit c'est le contexte réaliste, historique, social et politique, dans lequel il s'inscrit. La société française avec ses immigrés, ses sans-papiers, sa violence et sa misère et aussi ses hommes politiques corrompus qui utilisent leur fonction pour s'assurer l'impunité est brossée sans complaisance et l'histoire nous entraîne dans le passé, dans la guerre des Balkans, ses crimes et les responsabilités de ceux qui font passer leurs intérêts avant tout, au détriment de l'humanité,  posant  ainsi le problème de notre indifférence, nous européens face à ses atrocités..

 La musique, le jazz, tient une place primordiale, est la source où se baigne ce roman noir, le leit-motiv qui unit les personnages, les ondes de choc qui retentissent sur les personnages longtemps après que les notes se sont tues. D'où le titre. Les Harmoniques ce sont  Les notes derrière les notes, dit Mister. Les notes secrètes. Les ondes fantômes qui se multiplient et se propagent à l’infini, ou presque. Comme des ronds dans l’eau. Comme un écho qui ne meurt jamais.  La musique, c'est ce qui permet à Véra, enfant bosniaque, prise dans la guerre, de survivre à la violence et la brutalité, à la noirceur des hommes, de se dire qu'il pourrait y avoir une vie après ça.  Les harmoniques, ce sont les ondes fantômes de la guerre, les notes d'horreur qui la suivent et qui auront raison d'elle.


*Extrait  1 Premier chapitre discussion autour de Wallflower de Gerry Mulligan

- Mon cher Bob, dans la généalogie d'un nègre il y a toujours quelque part un cueilleur de coton ou un coupeur de cannes. N'oublie jamais ça.

- Ouais… je te rappelle quand même que Gerry Mulligan  était blanc. Du moins à ma connaissance.

-Ooh! Je m'étonne qu'un type comme toi se laisse abuser par les apparences (…) Ecoute encore. Ecoute cette  plainte déchirante. Serais -tu devenu aussi sourd que tes ancêtres colons?

-Je t'emmerde Mister, mon ami. Et mes ancêtres aussi, depuis la toute première génération. En fin de compte tu es bourré de lieux communs.

- Je ne suis jamais bourré, tu sais bien

-J'eusse aimé ne pas avoir à te rétorquer que mon grand père descendait à la mine dès l'âge de huit ans. A quatre cents mètres sous terre. Et qu'il en ressortait plus noir que toi et tous les sorciers de ton village. Lui, c'est pas le soleil qui lui donnait sa couleur. Tu la vois la différence?

- Et ta mémé, elle s'appelait Gervaise, c'est ça?

- Elle s'appelait Léonie et elle priait Dieu chaque soir pour avoir à donner à bouffer le lendemain aux onze marmots issus de son ventre fécond.

Voir  aussi
Kathel  :
Asphodèle
Eimelle qui a lu le roman en écoutant la musique indiqué dans le livre.



dimanche 17 mars 2013

Un Livre/ Un film : Horace Mc Coy, On achève bien les chevaux


Résultat de l'énigme n°59

Les heureux gagnants du derby : Asphodèle, Dasola, Dominique, Eeguab, Keisha,  Pierrot Bâton, Somaja, Thérèse

Le roman : Horace Mac Coy : On achève bien les chevaux
Le film : Sidney Pollack : On achève bien les cheveux avec Jane Fonda




La relecture du roman de Horace Mc Coy (1935) m'a confirmée dans le souvenir que j'en avais : un livre choc, un livre coup de poing.

La crise économique
Le roman se déroule pendant la Grande Dépression et met en scène, dans ce contexte terrible où la misère est extrême et où des millions de personnes sont jetées à la rue et souffrent de la faim, des couples obligés de se produire dans un marathon de danse pour gagner un peu d'argent. Il s'agit de danser ou plutôt de bouger sans jamais s'arrêter sur la piste d'un dancing populaire, devant un public avide de sensations. Les temps de pause sont rares, la souffrance physique et morale intense, les problèmes de santé fréquents; l'épuisement succède à la fatigue.
Les personnages principaux sont Gloria et  Robert qui est aussi le narrateur de l'intrigue. Le récit commence par le jugement de Robert accusé du meurtre de Gloria et le reste est un immense flash back qui va nous donner la compréhension du drame.

L'exploitation de la misère
Horace Mc Coy, dans ce roman noir, dénonce l'exploitation de la misère, tout en replaçant le récit dans un cadre historique, la crise économique des années 30. Ces marathons flattent dans les spectateurs les instincts les plus bas. Ils sont surexcités lorsqu'ils voient les danseurs s'écrouler devant eux, victimes d'un malaise et se repaissent de la souffrance des victimes, oubliant ainsi la leur. Voir les couples éliminés les uns après les autres procure au public un sentiment de supériorité à bon compte. Le sujet est universel et déborde le cadre de la Grande Dépression. Quand Sydney Pollack l'adapte il pourra faire lui aussi un constat des années 70.  Mc Coy compare le marathon à "une course de taureaux". On peut y voir, en effet, l'héritage des jeux de cirque romains et même la préfiguration des séances de télé-réalité actuelles, certes édulcorées, mais faisant appel, elles aussi, au voyeurisme et à l'instinct de domination des voyeurs, avec les mêmes conséquences tragiques pour ceux qui subissent ces violences, humiliation, dévalorisation, perte de confiance en soi. Et que dire des organisateurs qui s'enrichissent sur le dos des autres? L'homme est un loup pour l'homme et cela n'est pas prêt de changer.
  
Deux personnages opposés
Les deux personnages sont radicalement opposés : Tous deux veulent faire du cinéma, Gloria comme actrice, Robert comme metteur en scène mais il y a longtemps que Gloria a cessé de croire qu'elle peut s'en sortir. Elle hait la vie et voudrait mourir. Son passé a été dévastateur. L'expérience inhumaine vécue dans le dancing  n'est pas fait pour lui redonner confiance ni en elle-même, ni en l'espèce humaine. Robert, lui est encore plein d'espoir,  est sûr de sa réussite, il aime la vie. Il est encore capable de goûter la beauté d'un coucher de soleil et d'aller saluer le metteur en scène Borzage, présent dans la salle, avec un enthousiasme  juvénile. Les faits sont présentés par ce jeune homme naïf, qui ne connaît encore rien du monde, qui n'est pas encore blasé. Cette naïveté met en relief la noirceur du récit et la sobriété avec laquelle il est conté. La fragilité de Robert explique aussi pourquoi il va se laisser entraîner par Gloria dans l'engrenage fatal de la dépression, la mort devenant synonyme de délivrance. La dernière phrase - on achève bien les chevaux- qui clôt le roman, évoquant un souvenir d'enfance du jeune homme, est dans sa concision d'une violence extrême. 
Un grand roman.

Le film de Sydney Pollack
J'avais un très bon souvenir du film de Sydney  Pollack  (1969) vu à sa sortie et de l'interprétation exceptionnelle de Gloria par Jane Fonda. Je viens de le revoir en DVD de médiocre qualité. Impossible d'utiliser la version anglaise sous-titrée. Il m'a fallu "subir" (c'est bien le mot) la version en langue française dont le doublage est exécrable, la qualité sonore épouvantable. J'ai eu des difficultés à entrer dans le film dans ces conditions. Je souligne cependant quelques scènes très fortes dont celle du derby extrêmement bien filmée, qui entraîne tous les couples dans une course insoutenable autour de la piste, chacun ayant peur d'être éliminé. Les personnages donnent l'impression d'être poursuivis par la Mort.
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vendredi 25 mars 2011

Caryl Férey : Zulu



Dans le roman de Caryl Ferey, Zulu, dont l'action se passe en Afrique du Sud, le personnage principal  Ali Neuman, un zoulou, a vu, lorsqu'il était enfant, son père et son frère torturés et assassinés sous ses yeux par des milices de l'Inkhata en guerre contre l'ANC, le parti de Mendela. Il a lui même subi des violences qu'il n'a jamais voulu avouer à sa mère, seule rescapée avec lui des milices meurtrières. Des années plus tard, devenu chef de la brigade criminelle de Capetown, il s'efforce avec ses coéquipiers, Brian Epkeen et Fletcher, de lutter contre la violence en faisant son métier difficile avec conviction. Nous sommes en 1995, un an après l'élection de Nelson Mendela et un peu avant la coupe du monde de Rugby. Il est impératif de contrôler la situation, de parvenir à donner une meilleure image du pays et d'assurer la sécurité.
C'est le moment où une jeune fille de la bonne société est retrouvée sauvagement massacrée dans un jardin public; d'autres crimes suivent tout aussi horribles et chaque fois on retrouve dans le corps des victimes une drogue d'une composition mystérieuse qui semble être à l'origine de ce déchaînement meurtrier proche de la folie. Qui est caché derrière tout cela? Ali Neuman et ses coéquipiers s'engagent alors dans une histoire dont ils ne soupçonnent pas les implications.
L'intrigue policière est assez complexe mais elle a le mérite de nous présenter la dure réalité de ce pays, ses difficultés économiques et politiques, les différents milieux sociaux, les mentalités, les susperstitions. Je me suis intéressée aussi aux personnages des trois policiers dont la vie est à l'image de ce qu'ils vivent, désolante! Tout n'est pas résolu, en effet, en 1995, depuis la victoire de Nelson Mendela aux élections en 1994. L'Afrique du Sud est réputée pour être le pays qui détient le record mondial du crime. Autant dire que le roman nous immerge dans la violence au quotidien et la souffrance liée à la drogue, au sida, à la misère, celles des enfants de rue, en particulier, qui meurent de faim, de maladie ou de maltraitance dans les Townships, quartiers populaires noirs. Les maffias y règnent en maîtres, les noirs se déchirent entre eux, les haines tribales n'ayant jamais disparu. Les nostalgiques de l'ancien régime de l'apartheid n'ont pas encore dit leur dernier mot.
Ce livre a obtenu plusieurs grands prix du meilleur roman noir en 2008 et 2009
 Quelques précisions sur l'Afrique du Sud
nelson_mandela4.1301087269.jpgIl est un peu difficile d'entrer dans le livre de Caryl Ferey si l'on ne connaît pas l'Histoire de l'Afrique du Sud. Je me suis donc documentée sur  L'ANC, le bantoustan du Kwa zulu, l'inkhata.
L'ANC ou African National Congress est un parti politique d’Afrique du Sud, membre de l'Internationale socialiste. Créé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la domination blanche, il fut déclaré hors-la-loi par le Parti national pendant l’apartheid en 1960. Il est à nouveau légalisé le 2 février 1990 alors que l'apartheid est aboli en juin 1991. En 1994, les premières élections multiraciales ont lieu permettant à Nelson Mandela d'être élu président de la République sud-africaine. Depuis, l'ANC domine  la vie politique sud africaine.
Un bantoustan est un région créée  pour les populations noires durant la période de l'apartheid en Afrique du Sud.  En 1970, les  personnes qui y habitent se voient enlever leur nationalité sud-africaine et accorder la nationalité de leur bantoustan. C'est une manière pour le parti national blanc de priver les noirs qui vivent  en dehors de ces régions de leurs droits civiques et  d'en faire des étrangers dans leur propre pays. Le bantoustan KwaZulu était situé dans l'ancienne province du Natal d'Afrique du Sud et regroupait  principalement une population Zoulou. Mais il était extrêmement morcelé et était loin de réunir toute l'ethnie disséminée dans tout le pays. Il avait obtenu son autonomie en 1977 pendant l'apartheid. En 1994, au moment des élections, il réintègre l'Afrique du Sud.
Le parti au pouvoir dans le Bantoustan Kwa zulu était l'Inkatha  ou Freedom Party, parti politique conservateur. Il a été fondé en 1975.  Dans les années 1980, l'Inkhat prend pour cible l'ANC dont il devient le principal adversaire. Ce parti prônait le séparatisme territorial alors que l'ANC voulait lutter contre l'apartheid et la domination des blancs en restant en  Afrique du Sud. Le parti national blanc a utilisé et même financé l'Inkhata pour lutter conte l' ANC de Nelson Mendela.